RENCONTRE AVEC SAID AL-HABIB, JEUNE ACCOMPAGNE PAR LA MISSION LOCALE EST REUNION
1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Saïd, j’ai 20 ans, je suis titulaire d’un baccalauréat professionnel de vente, prospection, négociation, suivi de la clientèle.
Etant passionné de sport, après l’obtention de mon bac, j’ai intégré le domaine de l’animation sportive. Etant également passionné de voyage, j’ai découvert le dispositif Erasmus+ grâce à la Mission Locale, et j’ai pu effectuer un séjour professionnel en Irlande de trois mois.
2- Comment s’est déroulé votre séjour ?
C’était ma première expérience professionnelle à l’étranger et cela s’est très bien passé. J’ai travaillé au sein d’une entreprise de restauration et j’étais logé au sein d’une famille d’accueil. Mes missions étaient variées : de l’accueil à la cuisine mais aussi à la réception.
Nous étions partis en groupe de 10 jeunes pour ce séjour mais nous avions chacun nos propres entreprises d’accueil de différents secteurs.
Sur place, l’entreprise nous a bien accueilli et nous a mis en confiance. Il y avait une bonne motivation de groupe, ce qui m’a beaucoup aidé. J’ai aussi pu augmenter mon niveau d’anglais. Cela faisait partie de mes objectifs.
3- Comment vous êtes-vous préparé pour ce séjour ? Comment a été le suivi par la Mission Locale ?
Nous avions eu plusieurs sessions de préparation à la Mission Locale pour la bon déroulement de ce séjour. Cela nous a permis de nous mettre en confiance et de revoir les bases de la langue anglaise. Durant le séjour, chaque mois, nous faisions un bilan mensuel à notre conseiller référent et à notre retour, nous avions fait un bilan final ce qui marquait la fin du projet.
4- Que retenez-vous de ce séjour ?
Ce séjour en Irlande était une très belle expérience. Cela m’a permis de découvrir une nouvelle vision du monde, d’ouvrir mon esprit. J’ai pu faire de belles rencontres tout en découvrant une nouvelle culture. Nous sommes revenus de ce voyage plus mûrs, avec davantage confiance en nous et sur nos projets. C’est pour cela que j’encourage tous les jeunes à partir en prenant leur courage à deux mains. Il n’y a rien à perdre et c’est aussi un beau + sur le CV.
L’accompagnement en Mission Locale permet d’être plus rassuré puisque l’on n’est pas seul. On est toujours accompagné, même une fois sur place.
5- Ce séjour vous a-t-il ouvert de nouvelles perspectives dans votre projet professionnel ?
Bien sûr, cela m’a donné envie de continuer à faire d’autres expériences en mobilité internationale.
D’ailleurs, suite à ce séjour, j’ai été sélectionné auprès de mon centre de formation pour partir en séminaire une semaine en Bulgarie.
Grâce à ces expériences de mobilité, j’ai réussi à obtenir un contrat dans le domaine de l’aérien à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle.
J’ai aussi un projet de séjour professionnel en Australie, toujours en lien avec un partenaire de la Mission Locale.
RENCONTRE AVEC REGINE PAYET, CONSEILLÈRE GÉNÉRALISTE À LA MISSION LOCALE NORD RÉUNION
1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je travaille en tant que conseillère généraliste à la Mission Locale Nord Réunion (Saint-Denis) depuis 14 ans. J’étais en charge de différents dossiers pendant ma carrière, mais j’ai toujours été convaincue que la mobilité extra-insulaire était une réelle opportunité pour les jeunes. Depuis 2020, en binôme avec une autre conseillère généraliste, nous avons repris le dossier de la mobilité.
Avec le contexte sanitaire particulier en 2020, il était vraiment compliqué de mettre en place des actions de mobilité. Malgré la mise en œuvre d’actions de sensibilisation à la mobilité, et le maintien des réunions d’information collective autour de cette thématique, il n’y avait pas de réels projets de départ. Ce n’était qu’à partir de 2021-2022 que les projets commençaient vraiment à reprendre.
2- Quels sont les étapes clés pour monter un projet de mobilité ? Avec quels partenaires travaillez-vous ?
Nous travaillons avec des partenaires historiques pour monter les projets tels que Ladom, le Cnarm, Terravenir, ICI et Ailleurs, le Crij, France Volontaires. Aussi, nous sommes en consortium sur les programmes Erasmus+ avec la Mission Locale Sud Réunion et la Mission Locale Est Réunion. Chaque année, entre 30 à 80 jeunes des trois Missions Locales partent en programme ERASMUS+.
Nous intervenons à plusieurs étapes du projet mobilité, en premier sur le repérage du public, puis, la préparation en amont du séjour ainsi que le suivi sur place et à distance lorsqu’ils sont dans le pays d’accueil. Et l’étape importante : le retour de ce séjour Erasmus+, nous faisons un atelier de bilan global et nous les accompagnons pour qu’ils valorisent au mieux cette expérience auprès de leurs futurs employeurs.
Les jeunes nous partagent souvent qu’en tant que jeune réunionnais, il est difficile de sortir de l’île et donc de sa zone de confort pour aller travailler loin à l’étranger. Il y a une certaine appréhension de quitter son île pour la première fois, de s’éloigner de la famille et d’accéder à l’autonomie. Cet accompagnement à la Mission Locale permet donc de bien les rassurer et lever les freins.
A mon sens, le plus important pour nous en tant que conseillers et conseillères, est de bien évaluer le projet et les motivations du jeune en balayant toute sa situation avant le départ : que cela soit du côté financier, matériel ou moral, la santé physique et mentale, et vérifier s’il y a l’adhésion des parents, car l’entourage familial compte beaucoup pour nos jeunes réunionnais. Il y a aussi le fait de s’assurer de la bonne compréhension des engagements et des bénéfices de cette expérience. Ces jeunes partent dans un cadre précis, celui du programme ERASMUS+.
L’autre étape importante est la préparation avant le départ. Plusieurs ateliers ont lieu, en individuel et en collectif, notamment sur la réalisation du CV en langue étrangère, le partage des informations pratiques et administratives, la gestion du budget, la vie en interculturalité, etc. Nos jeunes sont des ambassadeurs européen, français et réunionnais, ils apportent un bout de notre culture dans un autre pays européen, quel enrichissement formidable ce programme ERASMUS+ !
Pendant la durée du séjour, on reste en contact avec des points d’étape réguliers en visio-conférence mais aussi avec des échanges quotidiens via des groupes WhatsApp. Le conseiller se déplace aussi pour faire les bilans de stage au sein de l’entreprise d’accueil. Nous avons mis en place ensemble un parcours ERASMUS+ sécurisé pour le jeune.
3- Quelle est selon vous la valeur ajoutée d’un projet de mobilité dans le parcours d’insertion d’un.e jeune ?
La mobilité est un véritable tremplin vers l’insertion sociale et professionnelle du jeune. Au retour de cette expérience, on retrouve une évolution importante sur différents aspects : dynamisme, motivation, autonomie. Toutes les compétences douces, essentielles aujourd’hui pour l’employeur sont acquises, tout en développant les savoir-faire techniques sur leur métier. Les apprentissages sont énormes !
Je constate que les jeunes qui ont choisi de mettre une étape « mobilité européenne, internationale » dans leur parcours, ont un meilleur taux d’insertion sur le marché de l’emploi. Certains jeunes reprennent aussi leurs études, ce qui me conforte à dire que la mobilité est un véritable levier à l’insertion.
Pour que les jeunes de notre île puissent sortir de leur quotidien, découvrir de nouveaux horizons et acquérir de nouvelles compétences, il est nécessaire en tant que Mission Locale de proposer des séjours professionnels à l’étranger.
4. Comment donnez-vous envie aux jeunes réticents de participer à ce type de projet ?
Les témoignages de jeunes qui ont déjà vécu l’expérience mobilité Erasmus+ sont rassurants et donne envie aux autres jeunes qui n’oseraient pas. Nous organisons aussi des réunions d’information collective sur la thématique de la mobilité avec des focus sur le programme Erasmus+. On profite également des journées thématiques sur la mobilité tels que les Erasmus Days pour répondre surtout aux interrogations et appréhensions des jeunes et proposer l’accompagnement gratuit de la Mission Locale.
RENCONTRE AVEC NICOLAS HONORINE, RESPONSABLE DE SECTEUR À LA MISSION LOCALE SUD RÉUNION
1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis dans le réseau des Missions Locales depuis une petite vingtaine d’années. Depuis 2016, je suis responsable de secteur et en charge de la coordination du service mobilité. Notre structure – Mission Locale Sud – est l’une des plus actives à La Réunion sur le sujet de la mobilité européenne et internationale. Nous avons été rejoint par d’autres Missions Locales de l’île pour mettre en œuvre des projets de mobilité aussi bien pour les jeunes qu’à destination des professionnels. Nous avons à cœur de faire vivre cette thématique pour permettre aux jeunes de faire une expérience à l’international. En 2023, 370 jeunes de la zone sud de la Réunion ont ainsi participé à une action de mobilité.
2- Pouvez-vous expliquer en quoi consiste le consortium régional que vous portez à la Mission Locale ?
Né en 2019, le consortium régional Erasmus+ nous permet d’offrir des opportunités d’expériences de mobilité internationale pour les jeunes que nous accompagnons. Notre offre de service Erasmus+ comprend : la préparation culturelle, linguistique et logistique, le placement en entreprise conformément au projet du jeune, le transport, l’hébergement et le suivi sur place avec le partenaire local.
La Mission Locale Sud est cheffe de file du Consortium et assure donc le portage administratif et financier des activités de mobilité. Elle rend compte des actions menées auprès des partenaires, qu’ils s’agissent de l’Agence Erasmus+ Education Formation au niveau national, ou encore la Région Réunion et France Travail qui apportent leur soutien en sécurisant les parcours des jeunes.
En effet, la volonté stratégique d’étendre l’accès aux opportunités de mobilité Erasmus+ à davantage de jeunes accompagnés par les Missions Locales de l’île s’est concrétisée par un soutien fort de la collectivité régionale.
Pour faire que les initiatives de mobilité internationale soient une réussite, il est important que les professionnels et directions des Missions Locales soient convaincus des impacts positifs que peuvent en bénéficier les jeunes, les professionnels mais également la structure. Pour cela, il est intéressant de mutualiser les ressources, de bénéficier d’actions de formation et bien sûr de partager les bonnes pratiques entre équipes.
3- Selon vous, qu’est-ce qui fait le succès d’un projet de mobilité pour un jeune ?
Durant leur stage professionnel Erasmus+ (durée de 3 ou 6 mois) , nous gardons le contact avec le jeune et l’entreprise d’accueil pour nous assurer que tout se passe bien et voir éventuellement les points à améliorer. Un conseiller de la Mission Locale se déplace en fin de période de stage pour réaliser le bilan de la mobilité avec notamment l’accompagnement du jeune et de l’entreprise sur ses acquis d’apprentissage. Le stage Erasmus+ est conçu de sorte qu’il y ait une sécurisation du parcours de mobilité permettant d’identifier les points de vigilances et anticiper les situations particulières.
Un projet de mobilité commence avant tout par l’intérêt et l’envie du jeune de partir. Le jeune sait qu’il part pour une durée déterminée, gratuitement, en étant suivi par sa Mission Locale, contrairement à la recherche ou l’accès à l’emploi en Métropole pour lequel le pas peut être plus difficile à franchir seul.
Il est important de rappeler que notre écosystème Erasmus+ s’articule avec une coopération forte avec à la fois des structures européennes pour offrir des terrains de stage à nos jeunes, mais aussi avec l’appui d’acteurs locaux tels que la région de La Réunion ou France Travail pour la préparation au séjour et le suivi de la mobilité.
4- La Mission Locale Sud fait partie des structures pionnières dans la mise en œuvre de projets de mobilité : pouvez-vous revenir sur les tous premiers projets que vous avez mis en place ? Comment avez-vous trouvé vos premiers partenaires ?
Nous avons débuté notre aventure « mobilité » à la Mission Locale par des actions avec des échanges de jeunes. L’objectif premier était de favoriser la rencontre interculturelle, connaître l’autre et s’ouvrir au monde. Il n’y avait pas encore les aspects sur le développement des compétences techniques et linguistiques. Les jeunes se rencontrent pour échanger sur des thèmes d’intérêt commun tels que la culture, la solidarité ou la citoyenneté. Au fur et à mesure, nous avons souhaité travailler davantage l’employabilité du jeune et Erasmus+ était le dispositif parfait pour cela.
Au fil des rencontres, nous avons tissé notre réseau de partenaires sur le continent européen mais aussi avec des structures basées dans les régions et territoires ultrapériphériques d’Europe (telle que l’île Saint Martin – partie Néerlandaise).
La valorisation des actions via des communications à destination des jeunes et partenaires est selon moi un point d’orgue pour faire connaître tous les impacts des projets de mobilité.
Au lancement d’un projet de mobilité, il est nécessaire de se fixer des objectifs simples et atteignables avec un nombre limités de bénéficiaires. Je pense qu’il ne faut pas viser trop grand mais plutôt être à la mesure des moyens de la Mission Locale. Puis, au fur et à mesure des résultats, des retours des jeunes, et de la collaboration avec les partenaires, l’effervescence se générera pour aller de plus en plus loin dans les actions à l’international.