Publié le 06/12/2021
Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de l’action « Passerelle pour une vie d’adulte » ?
Lionel Corbière : Cette action est née d’un double constat. D’un côté, l’UGECAM se trouvait avec des jeunes sans solution professionnelle. Et de l’autre côté, la Mission Locale accompagnait des jeunes dont la santé mentale posait question, alors que les conseillers étaient peu outillés pour répondre à ces problématiques de santé mentale des jeunes.
En accord avec la direction du Travail, nous avons étudié nos listes de jeunes suivis, et nous avons constaté qu’il y avait de nombreux jeunes en Garantie Jeunes qui étaient auparavant ou en cours de suivi dans un institut médico-éducatif. Nous nous sommes donc dits qu’il fallait travailler conjointement pour permettre à ces jeunes d’avoir envie d’entamer un projet de vie. C’est de là qu’est né le module « Passerelle pour la vie d’adulte ».
Le maître mot de cette action est de s’adapter sans cesse à la situation personnelle du jeune en fonction de ses besoins, en matière de santé comme d’insertion.
Comment les jeunes sont-ils orientés et comment se déroule cette action ?
Luca Cicu (UGECAM) : Les jeunes visés sont fragiles psychologiquement pour accéder à l’emploi ou en risque de rupture avec les institutions, sans solution adaptée.
Les jeunes repérés par la MDPH, par les conseillers de la Mission Locale, l’IME, le SESSAD (Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile), l’ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique) sont directement positionnés sur un panel d’évaluations permettant une analyse globale dans différents domaines (autonomie, vie professionnelle, bien-être, capacité à agir, motivation…). Ces évaluations sont réalisées conjointement par le SESSAD, les infirmières du CPO et le conseiller en Mission Locale référent de l’action.
Les jeunes suivent ensuite des ateliers de réhabilitation psycho-sociale mis en place par l’UGECAM et des ateliers d’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle organisés par la Mission Locale. Il s’agit d’un accompagnement individualisé et les contenus des ateliers sont modulés en fonction des difficultés des jeunes. Certains jeunes intègrent ensuite parfois des PMSMP.
Les jeunes suivent aussi en parallèle un parcours éducatif pour leur redonner envie de s’orienter vers un projet de vie. En effet, l’emploi n’est pas le seul objectif fixé ici. L’idée est de « raccrocher » ces jeunes dans une démarche active, à la fois dans la recherche d’emploi mais aussi au niveau du comportement adaptatif (autonomie, sociabilité, confiance en soi, etc… ).
D’ailleurs, à partir de janvier 2022, en partenariat avec l’Orne Habitat, 10 logements seront attribués à des jeunes que l’on va identifier parmi les jeunes en Garantie Jeunes que nous accompagnons. L’Agence régionale de santé (ARS) finance à hauteur de 60 000€ l’embauche d’un éducateur spécialisé pour le suivi des jeunes dans le logement.
Combien de jeunes accompagnez-vous avec cette action ?
Lionel Corbière : Nous avons démarré en 2018 avec 4 jeunes et nous sommes aujourd’hui à 3 cohortes d’une dizaine de jeunes chacune, soir un total d’une trentaine de jeunes par an.
Luca Cicu : L’idée est que ce projet soit déployé partout en France. Nous sommes tous animés par le même combat : celui d’apporter des réponses et des solutions à des jeunes en situation de vulnérabilité. Nous sommes conscients que les actions telles que celles-ci peuvent prendre des formes différentes selon les territoires.
En revanche, le fait que le secteur médico-social travaille avec les Missions Locales pour permettre ensuite aux jeunes d’intégrer des dispositifs de droit commun, est possible partout en France. C’est d’ailleurs ce que Sophie Cluzel a mis en avant fin octobre lors de son intervention à la Mission Locale.
C’est donc le moment pour les Missions Locales de se rapprocher de ces organismes pour travailler conjointement dans le but d’accompagner au mieux ces jeunes.
Pour en savoir plus
Pour toute question ou demande d’informations, les Missions Locales intéressées peuvent prendre contact avec Lionel Corbière, directeur de la Mission Locale : envoyer un courriel
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